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Carnet de voyage : Bresil |
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Carnaval de folie à Rio! 2 - 16/02/2005
Bonjour à tous!
Le Carnaval de Rio sera l'un des autres moments forts de notre tour du monde. La période du Carnaval réhausse par deux
l'intérêt de la visite du Brésil, ce qui en fait pour nous la meilleure période pour visiter le pays. Toutes les villes
se réveillent pendant 5 à 7 jours avec une ambiance de folie, une animation de rue exceptionnelle, inimaginable en France,
à part lors de la victoire du Mondiale de foot ou le réveillon de l'an 2000. Des dizaines, des centaines de milliers de
personnes viennent remplir les rues pour faire la fête de la fin d'après-midi pour durer toute la nuit. Le carnaval de Rio
en est selon nous l'apogée sous la forme un peu spéciale de défilé de samba dans le fameux sambodrome (stadium linéaire).
D'autres préfèrons San Salvador de Bahia pour son défilé en plein air dans la rue.
Déjà, pour tous ceux qui comme nous ne le savaient pas, le carnaval à Rio est une chose hyper sérieuse. C'est une vraie
compétition entre les nombreuses écoles de la ville. Il y a 14 écoles dans le groupe especial (les meilleures) et 7 dans
le premier groupe. Il y a des juges, des notes, un classement. C'est du sérieux.
Une surprise : le carnaval ne se passe pas dans la rue, mais dans le sambodrome. C'est une rue avec des gradins autour. Du
côté droit, des places VIP dans des loges (celles des sponsors du carnaval en gros) et à gauche : en bas des places assises
de luxe près de la parade et en haut des gradins avec des vues plus ou moins bonnes selon l'emplacement. En tout, pas tant
de places que ça. Il y a plus de monde qui parade que de chanceux qui regardent le carnaval. Du coup, beaucoup de trafic de
billets. Le jour d'ouverture des guichets, des dizaines de personnes se jettent sur les places : les agences de voyage pour
vous les revendent à des prix exhorbitants ou des gars qui feront de la vente au noir à l'entrée le soir du spectacle. Pour
vous dire, même les flics le font et les marchands au noir ne se cachent pas. Ils sont faciles à repérer. Ils ont un badge
autour du coup avec le numéro du secteur qu'ils vendent et à la main un paquet de cartes magnétiques (les billets). A 23H30,
en sortant de notre défilé, ils étaient encore nombreux à essayer de vendre leurs billets, du coup, on peut faire des
affaires en négociant.
Pour vous donner une idée du business : dans l'auberge de jeunesse où nous allons loger, pour la parade de samedi soir, ils
vendent des billets pour le secteur 13 à 150 rials (300 Francs), sachant qu'ils coûtent 50 rials et que l'office du tourisme
indique sur son site que la plupart des entrées sont données car la vue est vraiment mauvaise de ce secteur! C'est un peu
dégoûtant car tout ça fait que les gens de Rio détestent le carnaval : les billets sont hors de prix pour eux s'ils ne
connaissent pas des copains et la circulation est parfois horrible avec les blocos, les défilés de quartiers qui bloquent
les rues. Et les touristes achètent leurs places au prix fort car ils ne veulent pas venir à Rio et payer leur chambre à un
prix exhorbitant pour finir sans ticket.
Avec tout ça, beaucoup de Brésiliens se retouvent sans avoir les moyens d'acheter un billet et assistent au défilé dehors
dans la rue Président Vargas où les défilés se préparent. Il y a un nombre de buvettes incroyable et des attroupements un
peu partout, les meilleures places étant prises d'assaut (comme celles au-dessus du pont qui surplombe la rue). Si toutes
ces arnaques vous énervent, allez voir défiler les écoles du premier groupe. Nous avons acheté directement nos places au
sambodrome le samedi soir au guichet officiel pour la petite somme de 30 rials (60 Francs, 9 euros) pour la tribune 9 (la
meilleure car il y a des places numérotées et moins de personnes que dans la tribune 7).
Chaque école défile 50 minutes maximum, mais il y en a plus. Et nous avons adoré. Pour des non connaisseurs, pas forcément
de grosses différences avec les moins bonnes écoles du groupe especial.
Nous avons défilé pour l'école de samba Caprichosos de Pilares. Elle défilait en deuxième position le lundi soir, ce qui
est bien car nous avons ainsi pu défiler quasiment à l'heure et ensuite aller regarder la parade.
Si vous voulez participer également, vous allez sur un site d'une école et vous cherchez la section fantasia (costumes) et
il n'y a plus qu'à payer. Comptez entre 300 et 600 rials. Si vous voulez la meilleure école, celle qui a gagné les trois
dernières années, allez sur Beija Flor (http://www.beija-flor.com.br/), au moins pour avoir un aperçu des costumes. Un autre
site où il est facile de réserver son costume apparemment (e-mail et téléphone), celui de l'école qui a terminé deuxième
à 0,1 de différence sur la note totale de 360!!
(http://www.unidosdatijuca.com.br).
Mais il y a d'autres écoles, et si vous paradez pour la meilleure, vous ne la verrez pas défiler, ce qui est bien dommage
car c'est la plus impresionante à voir. Mieux vaut être dans une moins bonne école pour avoir le fun et regarder les
meilleures.
Il y a de nombreuses règles à respecter pour les écoles et des critères, dont celui d'être bien organisé. Chaque défilé a
un peu la même organisation : au tout début, un grupe de très bons danseurs qui doivent présenter le thème de l'école.
Juste derrière le plus grand (beau) char. Suit un couple portant le drapeau avec les couleurs de l'école. Il y a entre 6 et
8 chars et chaque char est comme un acte d'une pièce. Entre les chars s'intercalent plusieurs groupes, chaque groupe étant
constitué d'une centaine de personnes ayant le même costume sur des lignes de huit personnes.
Il est super important que les groupes se suivent à un rang d'écart mais sans se mélanger. D'ailleurs des organisateurs
de l'école sont présents et essaient de maîtriser les lignes et les écarts pour garder l'harmonie du défilé et ils sont
méga stressés. Il faut les voir s'énerver quand une ligne n'est pas bien respectée.
Je dois bien avouer que le groupe où nous étions était essentiellement constitué de touristes et c'était un peu la débandade.
Pour nous c'était super fun, car on dansait comme des fous, et on faisait coucou aux spectateurs. Mais je dois bien dire
qu'à regarder ça ne devait pas être terrible. Car en tant que spectatrice, le plus impressionnant était quand les groupes
étaient bien en ligne ou faisaient une chorégraphie avec un bel ensemble.
Un des moments les plus importants est le défilé de la batteria (la fanfare). 300 musiciens qui ne doivent pas seulement
jouer en rythme, mais aussi défiler en rythme et faire une petite chorégraphie pour les meilleures écoles. Bien sûr, il ne
faut pas oublier les filles que tout le monde a déjà vu en photo, bien déshabillées et plein de plumes sur leurs costumes.
Et aussi le couple qui porte le drapeau de l'école. Parmi les autres groupes incontournables d'une parade, celui où il y a
les enfants : il faut en effet perpetuer la tradition! Et celui des femmes habillées comme à Bahia, c'est-à-dire avec de
robes style marquise du temps de Louis XIV. Leur boulot est de tourner en même temps tout en avaçant, le tout à vous donner
le tournis. Et enfin, le défilé se termine par le groupe des anciens.
Pour admirer le spectacle, nous étions dans les tribunes 7 et 9 que nous recommandons car elles sont juste en face des juges
(il y a 4 séries de 8 juges) et ce sont devant les juges que les danseurs font leur meilleure chorégraphie. Les secteurs
terminaux sont à éviter absolument. Devant ceux du début de la parade, les danseurs se préparent mais il n'y a pas vraiment
de chorégraphie, quant à ceux de la fin, on voit juste les participants sortir du sambodrome ou se déshabiller. Pire du
côté droit, vous verrez les chars sortir et du côté gauche, les danseurs sortir à toute vitesse pour faire de la place au
suivant. Et un petit conseil, il vaut mieux avoir un siège sinon vous ne resterez pas durant toute la parade. Comptez 1
heure 30 pour chaque école sachant qu'il y en a 7 par nuit, ça fait beaucoup de temps debout.
Un autre petit conseil : mangez avant ou apportez des choses car sur place, il n'y a que des hamburgers et des glaces à
manger. Pas terrible. Nous avons vraiment beaucoup apprécié les gradins pour nous reposer pendant les temps morts.
Parce que l'on ne rigole pas avec le temps. Les écoles ont un maximum de 120 minutes pour parader, et dépasser le temps est
une catastrophe. Une des écoles a mal géré son temps et a préféré ne pas faire défiler la derniere partie plutôt que de
dépasser le temps ! Pour les écoles qui ont un grand nombre de participants, comme Beija Flor, le rythme de parade est très
soutenu. Ils ne courent pas, mais c'est une marche bien rapide. Alors pas question de trainer à la fin de la parade, il faut
sortir du sambodrome.
Et comment oublier la musique? impossible de la louper. Entre la sono et la fanfare, on l'entend. Mais c'est sans compter
sur les paroles. La chanson en elle-même est assez courte, une vingtaine de lignes, mais vous l'entendez pendant 1h30! Et
toutes les personnes qui paradent doivent la chanter, avec le sourire s'il vous plait, car c'est une fête et la plus grosse
impression que l'on doit retenir d'une parade est sa gaïté. D'un autre côté, les paroles sont super importantes, car elles
doivent résumer le thème de la parade. Les thèmes sont très variables. Celui de notre école était le carnaval. Pour d'autres
: les contes de Hans Christian Handerson, la nourriture au Brésil (et en-dessous, une critique politique : de la nourriture
et de l'éducation pour tous), l'histoire des Indiens dans les missions jésuites... Nous allons acheter le CD, mais nous
sommes en retard, car ici cela fait longtemps qu 'il est en vente et le public chantait la chanson par coeur pour les
groupes favoris!
Avec tout ça, je n'ai toujours pas raconté notre défilé : première chose, nous avons dormi l'après-midi pour être d'attaque
pour toute la nuit. Nous nous sommes préparés à l'hôtel et nous voilà dans les rues de Rio, costumés. Il n'y a pas d'endroit
où laisser d'affaires, alors pas le choix. Pas grand monde dans les rues et personne costumé, on se sent un peu bizarre.
Nous arrivons à notre point de rendez-vous avec Pierre et Anna : la station de métro Central. Et là, nous rentrons dans une
foule bien compacte.
Evidemment, on ne se trouve pas. Nous rentrons alors dans l'espace protégé où se prépare le défilé. Pour rentrer, il faut
montrer patte blanche (en gros, votre costume), car une dizaine d'organisateurs surveillent les personnes qui rentrent. Et
là, il n'y a plus qu'à avancer en cherchant les gens costumés comme vous.
Nous sommes juste derrière le premier char. Nous remontons donc tous les groupes et tous les chars. On prend quelques photos,
dont celles des stars de la parade, les jolies filles. Car ce sont vraiment des stars, surtout celles de notre école d'après
ce que j'ai compris, ce sont des top-models! Il faut réussir à les approcher car elles arrivent bien entourées et tout le
monde s'agglutine autour d'elles. Le temps passe très vite. Notre école commence à se préparer sur le début de la piste
pendant que l'autre école est en train de finir, 600 mètres plus loin. les organisateurs essaient de nous mettre sur des
rangées de 8, mais elles ne tiendront pas plus de 1 minute. Je crois qu'ils crisent un peu!
La musique commence, les gens commencent à bouger. Et on commence notre avancée. Tous les spots sont sur nous quand nous
rentrons dans le sambodrome. Le feu d'artifice commence à pétarader derrière nous. On nous promettait 25 minutes de défilé,
mais comme nous sommes devant, nous auront droit à 45 minutes. En effet, le groupe qui ouvre le défilé s'arrête devant chaque
groupe de juges pour faire sa chorégraphie et pendant ce temps, les autres groupes attendent. Mais une fois que ce groupe
est sorti, plus de ralentissement et je dirais même accélération car ilfaut tenir le temps limite. La plupart des écoles
accélèrent le rythme à ce moment-là. Donc mieux vaut être devant que derrière quand on défile! Et là, c'est parti pour le
délire et la danse.
On bouge les fesses, on sourit, on fait des signes à la foule et on danse comme des fous. Bon, on essaie de rester sur sa
ligne mais je dois dire que j'ai bien dû changer de ligne toutes les 3 minutes. Une chose qui nous aura quand même manqué,
c'est de connaître notre musique et les paroles (et aussi de les comprendre). Mais tout de même quelle fête!
Nous voilà déjà à la fin du défilé. On regarde les autres sortir. Que de monde tout de même! Chaque école doit avoir entre
2000 et 3000 participants (oui, oui, on parle bien en milliers). Tout ce petit monde se disperse bien vite après la parade.
Les chars sont déjà rangés dans la rue. Et c'est déjà le tour d'une autre école.
Au milieu de toutes ces descriptions dittiranbiques, quelques critques (car il faut bien que l'on conserve notre côté
français) : pour un concours entre écoles de samba, il n'y a pas beaucoup de samba. C'est plus un concours de parade. Les
filles sur les chars ne dansent pas vraiment, car elles s'accrochent au char pour ne pas tomber : leur estrade n'a en effet
pas l'air bien stable! Quant aux filles qui défilent en solo, certaines dansent parfois mais la plupart du temps, elles
marchent en faisant des signes à la foule. Quant au côté concours, quand on regarde les résulats,on est un peu surpris de
voir que toutes les notes sont presque 9.7, 9.8, 9.9 ou 10. Les juges n'ont pas l'air bien sévères. Et puis tout d'un coup,
un juge va mettre 9 pour les costumes, et l'autre 10. C'est quand même un peu louche.
Côté louche, il paraît que le président de l'école gagnante est un mafieux. Il faut dire qu'il faut en avoir des sous pour
faire ce qu'ils ont fait. Sans parler des costumes et du nombre incroyable de plumes (ça coûte une fortune!) qu'il y avait
dans leur défilé par rapport aux autres écoles, ils ne poussent pas leur char comme les autres, mais tout a l'air motorisé.
Un gros avantage pour eux pour contrôler la vitesse d'avance de la parade, car pour certaines écoles on voyait bien qu'il
était difficile de maîtriser les chars!
Si le concours des écoles de samba au sambodrome est la partie la plus connue du carnaval de Rio, il y a bien d'autres
moyens d'apprécier le carnaval : les blocos, ou défilé de quartiers. Plusieurs styles : à Ipanema, c'est la plus tendance
avec les hommes déguisés en femmes, les gays, les costumes les plus délirants. Ca se passe le samedi et le mardi en fin
d'après-midi. A Copacabana, moins de costumes et beaucoup moins de monde pour participer,mais de la musique et beaucoup
plus de groupes. Le dimanche après-midi et soir, les groupes à petit budget ont leur compétition. C'est beaucoup plus
familial, beaucoup d'enfants. Et pas beaucoup de budget : le costume se résume à un T-shirt pour tout le monde. Mais c'est
là que l'on voit l'âme du carnaval et combien il est encore dans la culture brésilienne. Même sans budget, ils savent faire
la fête, danser et boire les Skoll! Pour tout ça, ne comptez pas trop sur l'office de tourisme qui a l'air complètement
débordé par toutes les parades organisées. Il vaut mieux demander aux locaux, particulièrement à ceux qui sont costumés!
Pour résumer, un carnaval de folie, la chance d'avoir défilé avec une école et d'avoir vibré en regardant les autres. A
consommer sans modération!
A bientôt.
Lise et Nicolas.
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