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7 jours au Tibet ... ou presque - 06/05/2004
7 jours au Tibet ou presque, car ces 4 derniers jours (et ce n'est pas la fin)
dans la partie la plus à l'est de l'Himalaya, à quelques kilomètres du Tibet, nous laissent
l'impression de 7 ans au Tibet... : col à plus de 4000 mètres, chaînes de montagnes enneigées,
vallée verdoyante et plateau himalayien, monastaires tibétains, constituent un nouveau "highlight"
de notre séjour en Chine. Très, très impressionant. Je vous laisse lire la suite.
Lise : "Après une très bonne soirée à l'opéra sichuan de Chengdu, nous avons pris la route pour notre périple
tibétain. Certes, il ne durera pas tout à fait 7 jours, mais vu la longueur des trajets en bus de Chengdu à
Kangding, Litang et aujourd'hui Xiangcheng, c'est tout comme! Avouons aussi que nous restons dans le Sichuan,
mais les sommets que nous traversons sont dans la même chaîne de montagnes et il s'avère utile de parler
tibétain ici!"
Nous sommes désormais au coeur de la partie tibétaine en Chine (excepté le Tibet), dans un petit village nommé
Xiangcheng. Tout nous paraît extrêmement éloigné, et pour cause, 3 jours de bus nous ont permis de profiter de
cette région, à la fois magnifique et austère.
Un mot de technique avant le récit du voyage. Je vais déposer un nom de domaine pour mon site. Par contre,
"decouvrirlemonde.com" est déja pris. Je pensais donc à "decouvrirlemonde.org", bien que ça soit moins intéressant
que ".com" (trop difficile pour déposer en ".fr"). Si des personnes ont des idées de nom de domaine pour mon site en ".com",
merci de me les faire savoir. J'avais personnellement pensé à "percevoirlemonde.com".
Après le dernier mail de Lise lundi dernier, il semble que j'ai eu quelques difficultés à digérer les oeufs à la tomate,
pourtant spécialité ici en Chine, du restaurant du panda. En effet, je ressentais des douleurs dans les bras et une sensation
de froid extrême. La dernière fois que cela m'est arrivé, c'était en revenant du Pérou-Bolivie où le Mac Do à Atlantla
m'avait laissé avec 2 jours d'indigestion alimentaire avec fièvre. J'ai été plus chanceux ici en chine : cela n'a duré que 6
heures, une fièvre (+1 degré) est apparue vers 3 heures de l'après-midi. Comme je sentais mon estomac un peu bizarre, je suis
allé me faire vomir une première fois et ça a été beaucoup mieux. J'ai ensuite dormi 2 heures avant de me refaire vomir.
Lise est allée au théâtre à Chengdu, tandis que je regardais fébrilement un film américain avec Mel Gibson pendant la guerre
d'indépendance americaine. J'enchaînais avec des émissions très intéressantes sur la Chine sur CCTV internationnal (la seule
chaîne en anglais). Ca allait beaucoup mieux, car je n'avais plus du tout froid. La fièvre est tombée pendant la nuit, et le
lendemain matin, tout ceci n'était déjà plus qu'un mauvais souvenir. Tout va bien maintenant.
Lise : lundi soir, l'opéra Sichuan. Je pensais à une soirée comme à l'opéra Garnier. C'est beaucoup plus touristique que ça :
c'est un aperçu des talents développés dans le Sichuan depuis des centaines d'années. Et ça vaut le coup!
- L'opéra : des personnages avec des costumes hauts en couleur, mais pas de masque. Des voies pas toujours
agréables à mon oreille. Mais un vrai spectacle!
- Suit de la musique avec un instrument traditionnel qui produit des sons proches du violon, mais une musique modernisée
qui rend finalement assez bien.
- Vient un spectacle comique (évidemmnent, je n'ai pas trop rigolé aux blagues. Je ne suis peut-être pas sensible à l'humour
chinois :-) ) Heureusement, il y avait quelques acrobaties.
- Des hommes qui changent de masques en 2 secondes toutes les 2 minutes.
- Un spectacle d'ombres chinoises : j'étais certaine de trouver ça banal, mais l'artiste était trop fort : oiseau, chien,
hibou, lapin, écureuil. J'étais bluffée.
- Le clou du spectacle : des marionnettes si bien articulées qu'au bout d'un moment on oublie qu'elles ne sont que des
marionettes et on les considère comme des êtres humains.
Superbe!
Mardi, une grasse matinée : levé à 8H00, puis, après déjeuner, nous sommes allés récupérer le CD sur lequel nous avons
stocké nos photos du panda (de la même façon que nous avions gravé un CD de nos photos des premiers jours en Chine) pour
libérer de la place sur notre carte mémoire (10 Yuans par CD gravé). Nous avons le bus local pour la station où nous
avons acheté nos billets et retiré de l'argent.
La station de bus ressemblait à la gare de Lyon à Paris un vendredi soir (certes plus petit quand même) : un monde fou!!
A peu près 10 queues de 10 mètres pour acheter son billet, et pour cause, cette semaine est la "golden week" en Chine :
une semaine de vacances pour tous (ou presque), du coup, les Chinois partent!!
Une hôtesse parlant très bien anglais et nous ayant déjà renseignés à notre arrivée à Chengdu plus d'une semaine plus tôt,
nous invite à la suivre pour retirer nos billets à un guichet beaucoup moins long : en gros, nous avons grugé tout le monde!!
merci bcp!.
Après un peu d'autoroute, nous commençons une route de montagne : gorges très encaissées et verdoyantes (pas de barrage
comme vers Songpan). Après un long tunnel, changement complet de décors : plus aride, plus austère, quelques buissons deci
delà. Le climat est bien différent sur l'autre versant.
La route redescend vers des mileux plus sympathiques, mais le temps est devenu fort nuageux (ensoleillé au départ à Chengdu).
Arrivée à Kangding vers 18H00 (7 heures de route, 100 Yuans). Le vent dans la station nous pétrifie de froid. Nous quittons
le bus vraiment dégueulasse (comme d'habitude, et les jours suivants aussi). La petite fille à notre droite a laissé tous
ses noyaux de fruits par terre et ses emballages en plastique.
Lise se bat pour acheter nos billets de bus pour le lendemain : tout le monde nous passe devant, ils sortent une phrase en
chinois, tendent un billet et voilà, la réceptionniste leur donne un billet de bus sous notre nez. Pour nous, c'est beaucoup
plus difficile, il faut chercher chaque mot dans le "phrase book" et leur montrer leurs hiéroglyphes chinois.
Recherche de l'hôtel : 180 Yuans (18 euros) pour une chambre défraîchie avec salle de bains commune : hors de question!!
C'est plus cher qu'en France au niveau rapport qualite-prix. Finalement, en raison de l'heure assez tardive et voulant tout
de même profiter de la ville, nous trouvons un trou à rat! Pire qu'une cage à lapins : 4 cloisons avec un lit et 30 cm d'espace
sur le côté, sans fenêtre, sans rien (juste un interrupteur démonté où les fils dépassent) pour 60 Yuans! C'est du vol, mais
rien à faire, c'est très cher ici, et très fréquenté par les touristes chinois qui passent une semaine ici. Nous rencontrons
même des "backpackers" chinois (ie des touristes comme nous qui voyagent avec un sac à dos!!), une première. Le voisin a ronflé
cette nuit.
La ville : moderne, sans charme ni plan d'urbanisation. Heureusement, le moine au monastère est très sympa et nous montre même
des idoles quasiment jamais vues par les touristes!! C'était la dernière ville pour prolonger notre visa, qui expire dans 8
jours.
Mercredi matin. Il fait froid et il neige. Nous ne sommes pas mécontents de quitter cette ville qui ne nous aura pas charmés.
Il faut arriver tôt pour mettre ses bagages sur le toit du bus. Pour un départ à 7H15, il vaut mieux arriver à 6H45. Je
croyais que l'on était en vacances! La montée après Kangding vers un col à plus de 4000 mètres est assez vivifiante.
Heureusement, nous avons notre sac de couchage pour nous tenir chaud. La neige tient bientôt sur la route. Sur le côté, nous
voyons des travailleurs sous leur tente. Ils doivent vraiment avoir froid la nuit! Au sommet, nous devons mettre les chaînes.
Une pellicule de glace recouvre la route. Dans les deux sens, les gens chaînent. Du coup, bouchon au col. Les touristes
chinois n'ont jamais dû voir la neige, et il est facile de voir que pour certains, c'est la première fois qu'ils mettent des
chaînes.
Malgré le froid, nous ouvrons la fenêtre! Nous avons la chance d'avoir juste à côté de nous deux "pompiers" : toutes les
10 minutes, ils allument une cigarette. Comme si ce n'était pas assez difficle de supporter le froid et la baisse d'oxygène
à 4000 mètres!
Rapidement, la neige disparaît. Il semble que le mauvais temps se concentre autour de Kangding. Le beau temps revient. Nous
pouvons profiter du paysage et quel paysage! Une immense vallée à la végétation rare. Quelques maisons éparses. Suit une
succession de vallées toutes différentes : recouvertes de sapins enneigés, sans végétation, ou rocailleuses. Les montées
vers les cols (maxi 4800 mètres) sont assez difficiles.
Heureusement que la route n'est pas trop mauvaise. Seuls quelques passages sont dépourvus de macadam. Le chauffeur s'arrete à deux reprises à une station essence et nous demande
je-ne-sais-trop-quoi. Finalement, il fallait nous lever pour soulever le siège afin d'accéder au réservoir d'essence.
Folklorique! Aussi, à mi-descente, il remplit une grosse cuve d'eau juste derrière son siege, arrimée par des grosses vis
pour 3 Yuans. Je suspecte que l'eau sert à refroidir les freins qui chauffent dans les descentes. Souvent, les chauffeurs
arrosent d'eau les essieux pour les refroidir.
Nous arrivons ensuite sur une sorte d "altiplano". Disparition des arbres, quelques yacks broutent le peu de végétation. Nous
sommes entourrés de pics enneigés. Cela nous rappelle l'Amérique du Sud.
Les paysages ont beau être magnifiques, nous sommes bien contents d'arriver vers 17H30 à Litang après 280 kms (seulement!!!).
Le cadre est splendide. La petite ville se trouve dans une vallée à 4060 mètres, mais les montagnes impressionnantes sont
toute proches. La ville elle-même n'a pas encore subi le plan d'urbanisation chinois. Il reste encore des maisons typiques.
L'atmosphère est sympa. On respire. Nous trouvons une chambre convenable pour 30 Yuans.
Mais désapointement : nous nous rendons au PBS (Public Security Bureau) pour pouvoir prolonger notre visa. On nous annonce
qu'ils ne le font pas ici. Il faut aller à Zhongdian, 450 kms d'ici, c'est-à-dire deux jours de bus, ce qui nous amène à
vendredi soir!! Bon, on verra bien. Nous pourrons toujours sortir plus vite que prévu au cas où, mais ce serait dommage car
nous nous plaisons ici.
Cette petite aventure nous aura toutefois permis de faire la connaissance d'une étudiante chinoise parlant 10 mots d'anglais,
mais qui nous aide bien. Nous faisons avec elle le tour de la ville et elle nous emmène prier au monastère. Attention,
il faut tourner dans le sens des aiguilles d'une montre autour du chupa (tombe d'un moine) en faisant tourner les cylindres
sur lesquels sont inscrits des extraits du livre sacré bouddhiste. Beaucoup de monde vient prier.
Nous invitons notre nouvelle amie à manger, mais avant, nous allons acheter la botte secrète anti-froid des gens d'ici : des
collants! Et ils seront bien utiles le lendemain. Nous mangeons bien : des raviolis locaux pour moi et un mélange champignons-tomates
bien aromatisé pour Nicolas.
Et au dodo! Le lit est équipé d'une couverture chauffante. On est loin d'avoir froid, surtout qu'il fait plutôt bon en ville,
même la nuit tombée.
Jeudi. Départ de Litang. Encore un bus qui part à 7H00 et le seul de la journée. Suivent 5 heures de route magnifique. Nous
avons le même bus qu'hier et quelques personnes continuent la route. Nous avons de la chance, nos deux pompiers sont là.
Encore de bonnes bouffées de cigarettes en perspective!
Nous devons être plus haut qu'hier, car nous avons plus froid dans le courant d'air de la porte. Nous quittons l'"altiplano"
pour des reliefs plus accidentés. Encore une fois, les paysages sont variés. Au départ assez verdoyants avec une folle envie
d'aller se balader à pied ou à cheval. Après un col où on aperçoit un sommet en forme de lapin, nous passons brusquement
dans une vallée rocailleuse avec des pierres assez grosses. Sans transition, nous retrouvons une immense vallée avec l'adret
et l'ubac séparés d'une distance incroyable. Après une bonne descente, nous retrouvons un peu de douceur et les habitations
qui s'étaient faites très rares depuis notre départ.
Des habitants semblent monter leurs yacks (dont la viande est d'ailleurs très bonne) dans les alpages. Nous n'avons pas de
confirmation, car personne ne parle anglais. De plus, nous n'avons pas vu de prairies verdoyantes. Mais où montent-ils?
Après la traversée d'une gorge, nous tombons sur une vallée où les villages blancs ressortent sur leur couverture verte. Du
blé? Nous prenons des photos, mais même si la route n'est pas si mal que ca, les mouvements semblent inévitables. Nous espérons
qu'elles ne seront pas trop floues, car les paysages sont vraiment superbes.
A midi, nous arrivons à Xiangcheng, un village en passe de devenir ville. Tout prêt, une falaise tombe dans la rivière en
contre-bas.
Nous essayons de négocier un taxi pour Zhongdian avec deux Chinois, mais en tant que Blancs, on nous prend pour des "vaches
à fric". Nous prenons une chambre dans une superbe "guesthouse", encore mieux que celle de Jiuzhagou. Ext"rieur blanc avec
pourtour de fenêtres décorées en bois. A l'intérieur, cloisons en bois peintes avec des paysages ou des animaux. Splendide.
Et tout ça pour 50 Yuans (5 euros). Bon d'accord, les WC sont dehors, mais tant pis, c'est trop beau!
Nous essayons de faire notre prolongation de visa au PSB local. Les flics sont très sympas, mais nous mettons deja 10 minutes
pour faire comprendre que nous voulons faire une prolongation de visa. Après quelques coups de fil, nous avons confirmation
que samedi à Zhongdian, cela devrait être possible. Enfin, nous espérons que la communication est passée dans les deux sens...
De toute façon, nous avons passé un bon moment et Nicolas a dû sacrifier au rituel de la cigarette.
Les flics nous conseillent la visite du monastère. Nous montons plus pour la vue que pour le monastère.
Mais quelle surprise! Le monastère s'avère imposant et des travaux de rénovation l'ont rendu à sa splendeur. Des couleurs et
des sculptures de partout. La décoration nous coupe le souffle. Tout le monastère est décoré du sol au plafond. Outre les
animaux et les paysages comme à notre hôtel, on trouve ici des bouddhas, mais aussi des démons, des animaux fantastiques,
des danseuses, des musiciennes, des moines. Dans la salle de prière, les murs sont couverts de ce qui semble être l'éducation
religieuse. D'un côté, les démons faisant subir aux humains les pires souffrances, et de l'autre côté, les humains et moines
ayant atteints le nirvana. Au centre, les statues de bouddhas sont immenses. Le reste du monastère est tout aussi beau : les
sculptures ornent les murs.
Du sommet, on jouie d'une vue magnifique sur la vallée environnante et les sommets. Pour ajouter au bonheur, aucun touriste,
nous pouvons visiter dans le silence qui sied à un monastère. Un seul regret : les moines ne parlent pas anglais et ne semblent
pas trop comprendre le chinois non plus.
Demain matin, 260 kms pour Zhongdian (70 Yuans) à 7H00 du matin. Nos dernières 8 heures de bus difficiles en perpectives...
A bientôt.
Lise et Nicolas.
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